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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/191

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Ils ne voient plus, ils n’ont plus besoin de voir. Ils jouissent. Ils jouissent. Confusément et ce peut-être du plus abstrait ou de la plus claire idée. Ils jouissent égaux de Dieu car ils ne renoncent à aucune possibilité pour quelque objet précis ou constaté.

Or voici qu’une vendeuse bouscule JE, on prend X pour un voleur à la tire, Y est dérangé. Donc JE, X, Y recommencent à vivre, ou du moins à faire les simulacres dont il a été admis, une fois pour toutes — est-ce si sûr ? — que l’ensemble constituait le vivre.

JE, X, Y voient, ils ne jouissent plus. Ils regardent les passants. Tous les passants, comme l’on pense, sont odieux. Alors ils leur souhaitent du mal, essaient des crocs-en-jambe, combinent des faillites, des meurtres. Ce n’est point à eux qu’il faut donner tort mais aux passants, à tous les passants organisés, policés. N’avais-je point raison de parler de notre méchanceté. Il est vrai qu’elle est la plus digne réaction. Je ne