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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/195

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Une foi commune, par exemple, bien plus et bien mieux qu’un besoin partagé de jouissance physique, dont la possibilité joyeuse de chérir autrui comme soi-même. Foi commune, communion, communisme des âmes, le rêve d’un petit Juif a été plus fort que la prétendue sagesse antique, un vagabond crucifié a fini par vaincre des lois qui avaient eu raison de sa créature humaine, l’antisocial a permis au monde de ne pas crever sur son fumier raisonnable, la révolution sincère a triomphé de la pourriture conventionnelle, et bientôt, les individus trop particuliers pour ne point devenir ennemis les uns aux autres (homo, homini lupus), du haut de leurs tours d’égoïsme logique, leurs dernières forces affaissées sous ce dont ils ont voulu faire des cuirasses d’esprit, de cœur, ne pourront plus ne pas sentir — illusion ou vérité, mais secours sublime, en tout cas, et dont il nous est humainement fort difficile d’avoir le courage d’être dignes —