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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/196

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que le salut n’est pas dans quelque créature choisie ou l’effort terrestre, mais une fusion totale, absolue.

Et ne sais-je point déjà que mon plus haut, mon vrai, mon seul orgueil fut celui des jours où, parcelle anonyme d’un continent universel, d’un continent dont les frontières étaient les yeux, les oreilles, les papilles à jouir, les peurs, les volontés, les soifs, les désirs, les rages, les espoirs et désespoirs de tous les êtres, enfin, je n’essayais plus de me rattraper à quelque essai de bonheur individuel.

Élément indivis, mais tout de même un peu responsable, puisque les yeux, les oreilles, les papilles à jouir, les peurs, les volontés, les soifs, les désirs, les rages, les espoirs et désespoirs d’un René Crevel qui s’était promené sous la pluie, s’était troublé de certaines rencontres au coin des rues, avait aimé ou haï sans mettre jamais sa pensée d’accord avec elle-même, si grande en fut la misère, étaient les hublots dont s’éclairait la