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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/206

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prodigue, devenu Juif errant, n’arrive point à se créer une âme nouvelle.

Ce qu’on appelle nature le laisse indifférent. Et certes, il faudrait qu’il fût masochiste pour l’aimer sans y voir un symbole de soi-même. Celui qui prête attention au monde extérieur et le croit étranger à lui-même ne manque jamais d’en faire un palais des supplices.

Or pour moi, s’il me plaît de souffrir, je n’ai besoin ni des choses ni même des autres hommes.

Je sais me torturer.

Je sais m’accuser. Et m’en réjouis parfois.

Ainsi je voudrais être calligraphe pour annoncer en manière d’avertissement, au sommet d’une feuille toute blanche :

PAMPHLET CONTRE MOI-MÊME

Il est vrai que, bien vite, il me faudrait reconnaître l’outrecuidance.