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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/207

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Pamphlet contre moi-même.

Si rien ne se fait que contre quelqu’un, quelque idée ou quelque chose, encore importe-t-il que la personne, l’idée, la chose aient, pour l’esprit ou le corps en mouvement, de la précision.

Mais ce serait un nuage et non un punching-ball bien dur, bien net, bien exaltant que j’aurais désigné à mes propres coups de poing, de tête, de cœur.

Si je me déclarais à moi-même mon propre ennemi, j’espère que, devenu d’un coup champ de bataille et point de mire de toutes mes forces disponibles, j’aurais enfin sensation d’unité, quitte à la déclarer détestable, à la combattre et à en triompher peut-être, à la troquer sûrement contre quelque nouvelle.

Or j’ai peur qu’il s’agisse non de guerre mais de grandes manœuvres. Ubu, capitaine Bordure, je vous envie, qui aviez le bonheur de crier : « Vive la Pologne, car sans la Pologne il n’y aurait pas de Polonais. »