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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/214

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qu’un jour l’éclat commun donne l’illusion d’une grande flamme.

J’espère une grande flamme ? Moi-même.

Le tout serait de savoir si l’on a raison de prétendre que le bruit de la mer est fait de celui de toutes les gouttes d’eau.

Pour l’heure il s’agirait de battre la mer, de battre moi-même et ceux qui me ressemblent.

Et pourtant nous sommes des animaux dignes de pitié, encore que brillants, habiles aux coquetteries, grimaces, mauvais tours envers soi et les autres, jeux d’esprit et, comme j’ai déjà eu l’honneur de vous le dire, jeux de sexe et même jeux de cœur lorsque la saison s’y prête.

Animaux qui voudraient bien être sauvages, mais doivent se résigner aux consolations de quelques doubles somnambules et nocturnes puisque, le jour, dans leur état dit normal, ne les surprennent plus jamais la résurrection de quelque désir ou une peur assez profondément ressentie pour durer et