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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/28

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Devant ma glace je reconstituais les frissons qui aboutissent à la tête immobile des clavicules. Les juges ne pouvaient condamner une femme qui avait de si jolis gestes entre le menton et les épaules.

Acquittée, la dame au cou nu publia ses mémoires. Respectueusement je m’abstins de les lire.

Elle épousa un étranger de grande naissance. J’eus envie d’écrire au mari : « Embrassez longuement tout son cou, son joli cou nu. »

Maintenant sans doute, l’âge doit l’obliger au mensonge des cols hermétiques, le jour ; à la ruse des tulles trop adroitement vaporeux, le soir. Ainsi, elle que j’ai crue l’unique, elle dont j’espérais qu’elle demeurerait la toujours identique à soi-même, dans mon souvenir, déjà, n’est plus comme l’œuf dans sa coquille.

Perrette de la fable ne s’est pas mieux trompée.