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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/46

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Maintenant, il s’agit non de s’acharner encore à quelque essai mais d’oublier les syllabes d’un prénom, une bouche.

Or quand j’opte pour l’énergie, même si c’est contre moi, même si je suis seul en cause, afin de ne point trahir ma volonté de force, il me faut d’abord affirmer à voix tonitruante.

Résolu à couvrir les accents trop connus et à me refuser à l’étreinte d’une mémoire pour laquelle je n’ai déjà montré que trop de complaisance, je rugis : « Assez… Assez… Assez. »

Moralité : la femme de chambre de l’étage frappe à ma porte. Ces cris ont dû lui donner un espoir de fait divers. « Monsieur a sonné ? » Je me venge, et comme si l’importune n’était qu’une simple bonne à tout faire je l’appelle Marie : « Non, Marie, je n’ai pas sonné, je n’ai besoin de rien, Marie. Ne vous dérangez pas si je parle un peu fort. Je n’ai ni la fièvre chaude ni le délire. Je récite mes rôles, Marie. Pensez que je suis un acteur. Aimez-