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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/47

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vous le théâtre, Marie ? Je vous donnerai des billets, Marie. »

De l’autre côté de la porte, elle grogne de déception. Dame, comment, à moi tout seul, aurais-je pu lui offrir un crime passionnel. Pauvre Marie. Allons, ce sera pour une autre fois.

Délivré de cette sotte j’égrène encore quelques assez, puis en silence (le voilà, Marie, notre cher crime passionnel) je déchire une photo et comme si je pouvais en cachant les débris me dérober au souvenir, sous les brochures, les gilets, j’enfouis des étoiles inégales de carton.

Demain j’ouvrirai la valise pour prendre un roman, un sweater, mais je ne recollerai pas les morceaux du passé, d’hier, de cet hier dont l’ombre s’appellera peut-être demain, mais dont il ne faut pas que la hantise écrase aujourd’hui.

Aujourd’hui, bien vide, bien blanc, bien seul.