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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/51

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étranger nourri du mien — et qui, d’ailleurs, mourrait au moins quelques instants, de s’en être nourri —, l’esprit que j’avais cru miroir où je ne m’étais pas vu, où je ne m’étais pas noyé.

Je condamnais la dernière présence, me levais, me rhabillais, partais. Mais toujours la bonne résolution était venue trop tard. J’avais commencé par céder.

C’est pour mieux fuir la tentation que j’ai déchiré une photo, que je décide aussi de n’avoir point pitié de la rose, qui achève de se faner dans mon verre à dents.

Hier, elle s’épanouissait à mon manteau.

Une amie l’avait prise au bouquet d’un bol persan.

Cette amie partait avec un de mes amis le même jour, à la même heure, par la même gare mais pas pour le même endroit que moi.

J’aurais pu essayer d’aller avec eux.

Je n’avais pas voulu. Je regardais l’un et l’autre. Mes yeux étaient-il donc si tristes