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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/56

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rez-de-chaussée. Le groom indique le café en bas.

« Qu’allons-nous boire ? »

L’amie décide « du champagne ».

Mes mains s’adaptent à la coupe qu’elles portent jusqu’à mes lèvres. À l’ordinaire j’ai horreur du champagne. Celui-ci me semble exceptionnellement délicieux. Est-ce pour mieux avoir pitié de cette femme en noir à la table voisine, une femme seule, sans âge, sans beauté qui boit un thé triste, qu’elle ne console d’aucun sucre, citron, rhum ou lait, un thé ni anglais ni russe et libre de nuages comme le ciel des journées trop crues et dont on ne sait à leur lumière si elles sont chaudes ou froides.

Une femme seule boit un thé triste.

On emplit ma coupe.

Je bois.

Tout va-t-il redevenir incompréhensible ?

Je m’étonne bien haut ! Du champagne au buffet de la gare de Lyon à la fin de l’après-