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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/61

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IV

MÉMOIRE, L’ENNEMIE

Je ne recollerai pas les morceaux du souvenir.

Le ciel craquelé des puzzles ne ressuscite point la féerie.

Ce que je me suis rappelé ne m’a jamais donné l’impression de vie que par de nouveaux regrets suscités. Aussi, de tous les hommes, les plus tristes et les plus malheureux m’apparaissent ceux qui naquirent doués des meilleures mémoires. Ils ne triomphent point de la mort mais, par la plus inexorable fatalité, chaque transsubstantiation qu’ils essaient, au lieu de prolonger leur passé, tue leur présent. Victimes de leur insuffisance, ils vont, condamnés