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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/67

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Mémoire, mimosa. Mémoire mimosa. Joli titre pour une valse à jouer lorsque la vie boite et que la fenêtre est ouverte sur un jardin triste. Mimosa. Au plein midi nous avons pensé à notre hiver. Nous avons voulu faire des provisions de soleil. Une plante s’offrait qui fut mise en panier. Aujourd’hui le ciel était lourd et pourtant il faisait froid. Nous avons cherché à rappeler la lumière absente. Nous avons ouvert le panier. Mémoire, mimosa, mémoire, mimosa. Même la couleur s’est recroquevillée. Il n’y a plus de parfum, mais cette tristesse qui se respire, les jours de janvier, dans les salons de province. Mémoire, vos fleurs, votre mimosa sent le renfermé.

Si je prends une branche, toutes les petites boules tombent, s’écrasent. Mémoires, vos lampions ne sont pas seulement lamentables mais fragiles aussi. Aucun n’éclaire, et la tige qui les assemble n’offre pas l’unité du lys ni celle de l’arum.

Les moments antérieurs ne tiennent pas