Aller au contenu

Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’heure était venue pourtant des pensées libérées. Trop las pour mentir encore, avant de chavirer à nouveau dans la vie qui recommence en bas sur le trottoir et au milieu des rues, les créatures parviennent à ce point du temps où il est possible de se comprendre.

Se comprendre, se prendre et non avec des mots ou des doigts, mais par la grâce de ces antennes invisibles qui font des cœurs, à l’aube, les plus étranges libellules.

Et vous, femme, parce que, disiez-vous, l’heure avait sonné des pensées libérées, vous ne cachiez plus rien de votre angoisse et puis, tout à coup, grâce aux lumières, aux boissons, prétendiez qu’il ne fallait plus avoir peur, que vous n’aviez plus peur. À vous seule vous essayiez de refaire le monde et, au milieu d’une fusion que les autres ne percevaient pas et dont vous apaisiez les éléments, vous alliez, semblable en votre impassibilité à Dieu le septième jour. Hélas !