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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/86

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une canne levée certain soir sur un dos qui avait froid et des flammes d’un même feu qui ne s’éteignait point, vacillant de l’un à l’autre des charbons rougis, sanglante nourriture. Puis il y eut surtout le petit matin dont se givra l’incendie nocturne.

Toute la nuit, femme aux yeux couleur de fleuve, toute la nuit on avait dansé chez vous et vous aviez été plus pâle, plus bleue dans la pourpre d’un rêve. Or voici qu’il était parti, celui qui avait régné sur la fête car il ne savait marcher sans danser, non plus que parler sans chanter. Il s’en était allé loin de vous, loin de moi, parmi les autres, sans rien savoir, ni vouloir d’eux, comme un enfant, comme un fauve. Dehors, c’était une nuit couleur d’iris noir et semblable aux tentations qui faisaient son visage triangulaire, son regard liquide et ses lèvres plus habiles à frémir que des ailes.