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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/90

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Une monstrueuse et obscène membrane ? Mais souvenez-vous, cette monstrueuse et obscène membrane nous l’appelions un doux lien lorsque, là-bas, très loin, du fond de notre ignorance et de nos quinze ans, nous rêvions d’amour, d’amitié. Déjà nous connaissions la solitude, mais cette solitude, nous cherchions des mots pour l’embellir, l’excuser et surtout la circonscrire.

Sa tristesse vague, nous voulions la croire mortelle. Doucement nous pensions à notre fin, à un matelas odorant de fleurs à peine fanées sur notre tombe, au lendemain de notre enterrement. Or nous ne sommes pas morts.

Nous ne sommes pas morts et après les jours et les nuits de poursuite, de fièvre, il nous faut encore inventer des tortures pour croire que nous vivons, aimons, haïssons et, malgré la souffrance qui nous