Aller au contenu

Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

saviez bien que votre peur de la nuit, du sommeil disparaîtrait si par hasard quelque longue et obscène membrane vous liait pour l’existence entière à quelque autre.

Aussi, les après-midi, recommencions-nous, chacun de notre côté, une course aux sécurités.

Il fallait bien essayer de tout pour juger des possibilités, voir si les autres croyaient en moi, acceptaient l’idée de mon existence...

Dans la rue, je souriais à ce qui passait. Et qu’on m’écoute, ce n’était point simple volonté de racolage mais cette soif de rencontre qui n’a rien à voir avec le désir par trop localisé.

Regards qui deveniez plus brillants, lorsque le jour baissait, des yeux dans le brouillard, des yeux dans des visages anonymes dont peu m’importaient les fronts, les nez, les bouches, quelque usage que j’en dusse faire, des yeux m’obligeraient à sortir de moi-même.