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Paul Klee le sait que ne tentèrent ni les arabesques, ni la virtuosité.

La matière la plus simple, mots ou couleurs, sert de truchement entre l’au-delà et le voyant. La poésie est la découverte des rapports insoupçonnés d’un élément à un autre, Le peintre doué de poésie, dans la plus sèche géométrie saura trouver les échelles pour ses plongées. Il monte, descend, remonte et, au plus haut palier, parce que la clef a été perdue de cette porte qui devait s’ouvrir à même le ciel, à même le vent, Paul Klee n’aura qu’à regarder par le trou de la serrure, pour découvrir, dans deux centimètres carrés béants, un monde d’étoiles que les hommes croyaient perdu.

Il n’y a plus de mesure, J’entends que les unités de longueur, poids, capacité, ne sauraient servir de mesures. Nous ne croyons plus au système métrique. Nul ne saurait auner les rêves, les désirs.

Bien mieux, je ne crois plus même à ces lieux communs métaphoriques dont notre paresse avait coutume de se régaler sans craindre la surprise.

À vingt-neuf ans bien sonnés, je commence même à ne plus croire au corbeau, oiseau de malheur, depuis que, ce matin, un de ces nevermore, non au chambranle de ma porte, mais sur mon balcon est venu se poser.

Le sombre personnage avait un bec du plus beau jaune, dit serin. Il était si bien botté de rouge, que malgré moi, j’ai pensé à une paradoxale mariée, dont, parmi les tulles, le visage apparaîtrait maquillé d’émeraude et les pieds chaussés de violet.

Ce corbeau des altitudes répond au déconcertant