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Page:Critique de la raison pure (trad. Tissot) Tome I, 1845.djvu/17

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une inspiration vraiment philosophique les mérites de cet ouvrage, mais il y relevait aussi, en les expliquant d’une manière fondamentale et positive, sans préoccupation ni arrière-pensée, les contradictions dans lesquelles Kant s’était égaré. Je lui demande la permission d’extraire de sa première lettre, du 24 août 1837, le passage suivant :

« Il est bien reconnu que Kant a voulu faire, dans sa seconde édition de la Critique de la raison pure un changement important, et que toutes les éditions postérieures ont été réimprimées d’après celle-là. Mais je suis bien convaincu, et cette conviction n’a fait que s’accroître et se fonder sur des motifs de plus en plus certains par l’étude réitérée de l’ouvrage ; je suis convaincu que Kant a mutilé, défiguré, gâté son œuvre en la modifiant ainsi. Ce qui l’a porté à cela, c’est la crainte de l’opinion, résultat de la faiblesse de l’âge ; faiblesse qui n’atteint pas seulement la tête, mais qui attaque aussi quelquefois au cœur cette fermeté si nécessaire pour mépriser les contemporains, leurs opinions et leurs vues sur les services qu’on leur a rendus, services sans lesquels du reste on ne sera jamais un grand homme. On lui avait objecté que sa doctrine n’était que l’idéalisme de Berkeley rajeuni. Il vit donc avec effroi que l’originalité si précieuse et si nécessaire à tout fondateur de système était compromise.(V. Prolégomènes à toute métaphysique future, p. 70, 202. et suiv.) D’un autre côté, en renversant les doctrines consacrées du vieux dogmatisme, particulièrement de la psychologie rationnelle, il avait excité le mécontentement. Ajoutons cette circonstance tout extérieure,