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Page:Critique de la raison pure (trad. Tissot) Tome I, 1845.djvu/18

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que le grand roi, l’ami des lumières et le protecteur de la vérité, venant de mourir, Kant se laissa effrayer de tout cela, et fut assez faible pour faire une chose indigne de lui, pour changer entièrement le chapitre premier du deuxième livre de la dialectique transcendentale, et pour en supprimer 57 pages contenant tout juste ce qui est le plus strictement nécessaire à la parfaite intelligence de tout l’ouvrage. Grâce à cette suppression, et à l’addition destinée à remplacer le texte primitif, toute sa doctrine se trouve en contradiction avec elle-même, contradiction que je n’ai relevée et mise en évidence dans ma critique, p. 612-618, que parce que je n’avais jamais lu jusque-là, en 1818, la première édition, qui est exempte de ce vice, et qui forme un tout parfait. En vérité, la seconde édition ressemble à un amputé qui aurait une jambe de bois. Dans la préface à cette seconde édition, p. 42, il motive le rejet de cette importante et très-belle partie de son livre, sur de pauvres et même de fausses excuses, parce qu’il ne veut pas avoir l’air de convenir qu’il rétracte la partie supprimée : on peut, dit-il, en prendre connaissance dans la première édition ; il a pris l’espace nécessaire pour la partie nouvellement introduite. — Mais quand on compare la seconde édition avec la première, on voit clairement que cette allégation manque de sincérité. Dans la seconde édition, l’auteur ne s’est pas borné à retrancher l’important et beau chapitre en question, et à le remplacer sous le même titre par une intercalation très-insignifiante et plus longue de moitié ; il y a de plus glissé une réfutation expresse de l’idéalisme, qui