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Page:Critique de la raison pure (trad. Tissot) Tome I, 1845.djvu/22

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une importance tout autre, et qui n’est pas même soupçonnée des sens grossiers de la plupart de ces amateurs. Ils ne savent rien de l’enchaînement qui unit la Théorie de la science de Fichte, le Système de l’idéalisme transcendental de Schelling, la Phénoménologie et la Logique de Hegel, la Métaphysique de Herbart avec la Critique de Kant. Ils ne possèdent que par usurpation, jamais par cette acquisition fondamentale qui peut justifier juridiquement d’un titre honnête de possession. Puisse donc cette nouvelle édition féconder de nouveau la spéculation ! On peut dire en particulier que les Anglais et les Français ne comprendront vraiment rien aux développements de la philosophie allemande après Kant, tant qu’ils n’auront pas pénétré la Critique de la raison pure, car nous autres Allemands, nous y reportons toujours nos regards. L’école écossaise règne maintenant en Angleterre d’une manière presque absolue. En France, on voit à côté d’un sensualisme apprivoisé, d’un égoïsme devenu sociable, la vieille scolastique sous la forme d’un système mystique, et l’éclectisme qui incline de là vers l’Allemagne, et qui penche tantôt du côté de la psychologie rationnelle, tantôt du côté de la théologie dogmatique. Il en est de même en Italie. Mais Anglais, Français, Italiens doivent, s’ils veulent aller en avant, faire le même pas que fit Kant en 1781. Ce n’est qu’à cette condition qu’ils pourront se délivrer de leur misérable métaphysique d’une autre époque, et de ses fâcheuses conséquences. »

Nous n’avons aucune raison, pour notre part, d’appeler de ce jugement ; nous ne sommes pas en effet très-persuadé que ce soit avancer que de reculer jus-