Aller au contenu

Page:Critique de la raison pure (trad. Tissot) Tome I, 1845.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vainement épuisé toutes les voies, il n’y a plus qu’ennui et complète indifférence. De là, le chaos et les ténèbres qui règnent dans les sciences, mais de là aussi le prélude, sinon l’origine, de leur transformation prochaine et de la nouvelle lumière dont elles doivent être éclairées, après avoir été confondues, rendues obscures et inutiles par une fausse habileté dans la manière de les traiter.

A quoi sert, en effet, de vouloir afficher l’indifférence pour des recherchs dont l’objet n’est pas indifférent à la nature humaine, et ne saurait l’être ? Aussi ces prétendus indifférents, quelle que soit leur attention à se déguiser en substituant aux termes de l’école un langage populaire, ne veulent pas plutôt penser à quelque chose, qu’ils retombent inévitablement dans des propositions métaphysiques, pour lesquelles cependant ils professent un si grand mépris. Toutefois, cette indifférence qui se montre au sein de toutes les sciences, et qui affecte plus particulièrement celle qu’on voudrait acquérir de préférence, si elle pouvait l’être, est un phénomène digne de remarque et de réflexion. Elle n’est évidemment pas l’effet de la légèreté, mais du jugement[1] médité d’un siècle qui ne

  1. On entend quelquefois se plaindre de la pauvreté de la pensée