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8'i CHAPITRE PREMIER — T.ES ORIGINES

ainsi parler, un large Achéisme, qui fut la première forme de THellénisme.

De plus ces hommes intelligents et énergiques eurent l'avantage, fruit de leur malheur même, de se trouver en contact avec des peuples différents. Les Ioniens durent, pour s'établir à l'embouchure du Méandre, faire une rude guerre aux Cariens, tribus asiatiques, que la science moderne tend à rattacher à la race Kouschite, et qui avaient eu par leur étroite alliance avec les Phéniciens une période de gloire et de puissance*. Les Achéens arrachèrent le sol de leurs cités futures aux tribus aryennes des Dardaniens et des Mysiens. Les uns et les autres devinrent voisins des Phrygiens, peuple de même origine qu'eux, dont les monuments attestent encore aujourd'hui le génie original et le sens artistique'. Là se trouvaient aussi les Lydiens, les Lélèges, plus au sud les Lyciens, races mélangées. Ces rencontres de peuples, même hostiles, sont toujours marquées dans l'histoire par des échanges heureux. L'esprit humain n'a pas de moyen de progrès plus efficace que la comparaison. La race grecque, en se trans- portant en Asie, et en s'y retrouvant au milieu d'autres races dont sans doute elle s'était dégagée quelques siècles auparavant, accrut ses facultés na- tives, emprunta et imita, et en même temps prit une conscience plus nette de sa personnalité.

Enfin il faut noter encore que l'occupation du littoral d'Asie, grâce aux avantages naturels du pays, créa bientôt pour ceux qui l'accomplirent des condi- tions d'existence toutes nouvelles. Si nous admet-

��1. Maspero {Histoire ancienne des peuples de l'Orient, p. 238) renvoie à l'ouvrage d*Eckstein, les Cares dans l* antiquité.

2. Maspero, même ouv., p. 239 et suiv.

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