Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/142

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ciles. Ce fut donc la dernière génération de héros qui figura dans cette guerre. D’autre part on la rattacha à la série des événements plus récents par la légende des retours, qui ramenait les vainqueurs de Troie dans leur patrie, c^est-à-dire aux lieux mêmes d’où leurs petits-fils, les chefs de la colonisation éolienne, se souvenaient d’être partis. Cette légende des retours ne fut d’abord sans doute qu’une partie tout à fait secondaire de la légende générale de la guerre de Troie, dont elle formait le dénouement. Mais peu à peu, on y mêla le souvenir de catastrophes et de crimes domestiques qui avaient ensanglanté des demeures royales; on y fit entrer le récit plus ou moins fictif de voyages involontaires accomplis par les chefs achéens que la tempête avait dispersés ; elle prit alors une importance tout autre. Les progrès de la navigation et les légendes maritimes qui se formaient dans les villes grecques d’Asie Mineure tendirent à l’augmenter chaque jour. Ce fut bientôt dans ce cycle de récits comme une seconde partie distincte, aussi intéressante et plus nouvelle que la première.

Ce grand travail d’imagination et de création poétique ne se fit pas en entier, bien certainement, avant que la poésie épique fut née. Ce fut elle-même qui l’accomplit en grande partie, à mesure qu’elle en éprouva le besoin. Quelques témoignages anciens peuvent nous aider à comprendre comment elle s’y prit et quels succès elle obtint d’abord.

VII

Dans notre moyen âge français, nous voyons la poésie épique débuter par des compositions qu’on a coutume d’appeler cantilènes ; simples recits ver-