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120 CHAPITRE II. — ANALYSE DE L'ILIADE

après le premier, pour trouver la suite naturelle du récit qui vient d'ôtre analysé. Ces neuf livres ren- ferment pourtant quelques-uns des plus beaux mor- ceaux de VIliade, De là un problème des plus déli- cats. Disons immédiatement qu'il se résout assez simplement, si l'on considère ces morceaux comme primitivement indépendants. C'est la liaison seule qui est ici défectueuse, et notre analyse va le mon- trer.

Voici tout d'abord un indice singulièrement pro- bant : c'est une invention capitale qui n'aboutit à rien. Au début du livre II, Zeus, seul éveillé pen- dant la nuit, songe aux moyens de tenir sa promesse et défaire périr beaucoup d'Achéens auprès des vais- seaux. Après réflexion , le meilleur parti k prendre lui paraît celui-ci : il fait venir Oniros (le Songe) et lui ordonne d'aller trouver Agamemnon pendant son sommeil : qu'il lui dise d'armer ses soldats et de les mener au combat ; s'il attaque maintenant, il prendra Troie. Comment douter en lisant cela que cette fausse promesse ne doive avoir pour effet né- cessaire une attaque imprudente des Achécns, sui- vie d'une défaite sanglante? Une telle invention, si elle a jamais fait partie d'un plan combiné d'avance ou simplement d'un développement régulier, ne peut être stérile. Il serait absurde d'admettre qu'un poète créateur a imaginé cette méditation nocturne de Zeus et cette tromperie divine si réfléchie pour n'en rien tirer par la suite. Voyons donc ce qui en résulte.

Agamemnon, réveillé au lever du jour, convoque les chefs en conseil particulier. Il leur fait con- naître le songe que Zeus vient de lui envoyer, et, comme conséquence naturelle de la promesse trom- peuse du dieu, il propose de faire prendre les armes

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