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144 CHAPITRE IL — ANALYSE DE L'ILIADE

8agC8 *. Ici les choses changent, et nou^ nous trou- vons en présence d'un rempart véritable, solidement bâti en pierres, avec des tours en bois et des para- pets ; les portes en sont fermées par de lourds bat- tants munis eux-mêmes de fortes traverses. Ce camp est une place forte ; c'est celui que nous avons vu construire sur les conseils de Nestor à la fln du septième livre, et nous nous expliquons maintenant l'épisode si invraisemblable de cette construction, qui semblait oublié; il était indispensable pour per- mettre d'introduire dans VIliade le récit d'un assaut. Ce rempart merveilleux a été inventé par un poète qui a voulu donner une suite au récit de la défaite des Achéens : désireux de nouveauté, il a imaginé un assaut. Nous verrons plus loin que le combat auprès des vaisseaux, qui forme à la (in du quinzième livre le vrai début de la Patroclie^ est certainement anté- rieur à y Assaut, On avait donc raconté déjà et la perle du champ de bataille (XP livre) et la lutte fu- rieuse soutenue ensuite jusque dans le camp (fin du XV' livre et commencement du XVP). Quel autre moyen dès lors d'étendre le récit, que de supposer quelque circonstance intermédiaire? Une chose sem- blait même tout indiquée : c'était d'imaginer que les Troyens avaient été arrêtés quelque temps entre les deux phases de leur victoire. Pour les arrêter, il fal- lait un obstacle : de là l'invention du rempart et de l'assaut. Le douzième livre est donc une addition aux chants primitifs. Mais cette addition, ne peut-elle pas du moins être considérée comme l'œuvre de l'au- teur même de ces chants, désireux d'agrandir et de compléter sa première création ? Nous ne le croyons pas. L'invention fondamentale, celle du rempart, a

1. XI, V. 48, 51, 277, 311, 557, 569.

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