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LIVRE XXII 161

plement un brillant épisode ajouté après coup à la pauvre Théomachie qui existait déjà.

Immédiatement après le combat des dieux, com- mence (au vers 526) le sublime récit de la Mort d'Hector, qui comprend, avec la fin de ce livre, le livre suivant tout entier. Tandis que les Troyens éperdus rentrent en foule par les portes de la ville, ouvertes aux fuyards sur Tordre de Priam, une ruse d'Apollon éloigne pour un instant Achille qui s'attache à la poursuite d'un vain fantôme. Hector, seul entre les Troyens, s'arrête au pied des murs, et l'attend. En vain, du haut du rempart, son père et sa mère le supplient tour à tour de rentrer : il reste sourd à leurs appels déchirants, décidé à com- battre. Mais voici qu'Achille parait, et soudain une frayeur irrésistible le saisit. Il fuit, poursuivi par son adversaire, et le poète nous fait assister à toutes les émotions de cette course ardente dont la vie d'Hector est l'enjeu. Rien de plus beau dans tout le poème. Zeus abandonne le malheureux Hector à sa destinée : alors Athéné arrête Achille, puis elle vient auprès d'Hector sous les traits de son frère Déipho- bos et lui persuade de tenir tête à celui qui le pour- suit. Les deux ennemis sont donc face à face. Le combat s'engage. Hector, trahi par les dieux, est vaincu et tombe, la gorge percée, mais vivant encore. Il prie Achille de respecter du moins son corps, de le rendre aux siens après sa mort ; Achille, impitoyable, achève le vaincu en l'insultant, et Hector meurt, non sans prédire à son cruel vainqueur que lui aussi tombera bientôt. Aussitôt, pendant que les Achéens se réjouissent en chantant le péan autour du cadavre de leur terrible ennemi, le poète, par un contraste aussi simple qu'émouvant, nous montre la douleur navrante du vieux Priam, celle d'Hécube, et surtout

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