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SYSTEME DE L'UNITE PRIMITIVE 179

nières de faire n'ont pas pu se rencontrer simulta- nément chez un même homme, parce qu'elles sont contradictoires; et par conséquent Tauteur des grandes parties du poème ne peut pas être en même temps l'auteur de l'ensemble. S'il avait conçu un tout, quelque grandiose qu'il fut, il l'aurait conçu nécessairement selon ses habitudes d'esprit. Il ne l'a pas fait parce qu'on ne pouvait pas le faire de son temps, et nous en revenons ainsi à la formule même de Wolf, justifiée par l'observation, à savoir (|ue les Grecs ont appris plus tard seulement à con- struire de grands ensembles.

Ce sont là les réflexions générales et prélimi- naires qui nous paraissent pouvoir être opposées tout d'abord à l'opinion traditionnelle. Mais pour la discuter d'une manière plus précise et plus edî- cace, il faut la considérer dans les systèmes mo- dernes qui lui ont donné une forme scientifique.

��II

Deux de ces systèmes méritent particulièrement d'être étudiés de près : ce sont ceux de Nitzsch et d'Otfried Millier*. Ils représentent ensemble le plus

1. Nous clioisissoiis ici Nitzsch et Otfr. Mullcr, non seulement à cause de leur notoriété, mais parce que cliacun d'eux nous offre une théorie liée dans toutes ses parties. Il a paru d'ailleurs, eu fa- veur de l'unité primitive, bien d'autres travaux, dont quelques-uns sont fort dignes d'attention. Nous citerons particulièrement l'ou- vrage de M. Havet, De Origine et unitate poematum homericorumy Paris, 1843. C'est un remarquable morceau de critique au point de vue unitaire, plutôt qu'une discussion détaillée. M. Havet se contente d'expliquer, à titre d'exemples, quelques-unes des con- tradictions signalées dans Vlliade. Depuis lors la critique anti- unitaire a singulièrement fortifié ses positions. — Mentionnons,

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