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PREMIER ETAT PROBABLE DU POÈME 195

de ces parties forment une série chronologique, en ce sens que les cvéncnienls qu'elles rapportent oc- cupent nécessairement une place déterminée dans le temps les uns par rapport aux autres. Tels sont le CAaw/ de la Querelle, les Exploits d' Agamemnon, la Patroclie, la Mo?'t dHectOi\ Si on suppose ces morceaux récités dans leur ordre naturel, ils constituent ensemble, non une épopée proprement dite, puisqu'ils ne se suivent pas sans interruption, mais un groupe do chants d'un genre très approchant, puisqu'ils met- tent en scène les moments principaux d'une même action. Qu'ils aient pu être composés et récités ainsi, cela n'a rien qui doive surprendre, pour peu qu'on se représente combien la légende déjà connue per- mettait facilement aux auditeurs de combler les lacunes du récit ; et d'autre part dans quel intérêt et par quel calcul un grand poète aurait-il traité en détail des épisodes secondaires avant que ces scènes bien plus importantes eussent été mises en pleine lumière? Allons plus loin: la Patroclie elle-même, qui présente moins nettement que les trois autres chants les caractères de la composition primitive, n'est en aucune façon indispensable à la série fon- damentale dont nous parlons. Il aurait suffi au poète de la Mort (f Hector de rappeler en dix ou quinze vers le fait connu de la mort de Patrocle pour que son dernier chant satisfit à toutes les conditions de vrai- semblance exigées alors d'un morceau épique.

Une telle série de chants ressemblait en somme d'assez près à celle que nous voyons attribuée à Démodocos au huitième livre de V Odyssée ^ et nous avons dit plus haut comment elle put naître. Voici donc ce qui nous semble être la vérité sur ce point. UOdyssée nous apprend positivement que de telles séries ont existé, et V Iliade^ analysée avec soin, nous

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