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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/264

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CHAPITRE IV
LE GÉNIE ET L’ART DANS L’ILIADE

sommaire.

I. Dimensions et proportions du poème. Unité du sujet. Marche de l’action. Variété. — II. Le récit. L’ordre et la clarté associés à la vie et au mouvement. Vérité morale. Simplification hardie. Art de composition dans les principaux récits. Grandeur et idéal. Les héros et la foule. — III. Descriptions et comparaisons. Discours. — IV. Les personnages. Caractère d’Achille ; son développement. Les autres héros. Personnages de femmes ; Andromaque, Hécube, Hélène. Valeur morale et nationale de ces caractères. — V. Les dieux. — VI. La langue et la versification.

I

Lorsque nous comparons l’Iliade aux œuvres poétiques des âges suivants, sa grande étendue nous frappe tout d’abord. Elle résulte à la fois de la manière dont le poème s’est formé et d’une tendance qui est naturelle au genre narratif dans sa première expansion. Toutefois, s’il est vrai qu’à notre point de vue l’Iliade est longue, et si déjà dans l’antiquité cette longueur avait fini par passer en proverbe[1], nous

  1. Eschine, contre Ctésiphon, 100 : Ψήφισμα μακρότερον τῆς Ἰλιάδος. Cic., ad Attic., VIII, 11 : Tanta malorum impendet Ἰλιάς.