Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DESCRIPTIONS 229

sur le sol s'endormit du lourd sommeil d'airain ; infortuné, il avait quitté sa femme pour porter secours aux Troyens, sa jeune et chère femme, dont il ne devait plus voir la beauté*. »

Cette grà(*c et ce cliarnic de la vie entrevus dans l'ombre nu>ine de la mort, ce dernier sourire de tout ce qu'on a aimé et que l'on va quitter, Homère le premier en a compris la tristesse infinie et en a fait comme uii élément nécessaire de la poésie lié- roï([ue. Mais cliez lui cette tendresse humaine est toujours associée aux inspirations les plus hautes et les plus viriles. On passe des unes aux autres sans surprise, mais avec une émotion profonde. C'est l'humanité tout entière, à la fois grande et faible, mêlant la fureur du combat à la douceur des plus chers souvenirs, l'humanité résumée dans quelques contrastes aussi simples que sublimes.

��III

��La description est en quelque sorte partout dans le récit homérique, ici développée et formant épi- sode, ailleurs introduite d'une façon accessoire SOUS forme de comparaisons, plus souvent encore brève et mêlée au courant même de la narration.

Cette dernière forme de description, celle qu'on pourrait appeler par excellence la description nar- rative, tant elle se fond intimement dans le tissu (les événements, est de beauc^oup la plus usitée dans \ Iliade, Elle est,, pour ainsi dire, la forme la plus ordinaire du récit homérique, car c'est le

1. Iliade, XI, 238.

�� �