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244 CHAPITRE IV. — L'ART DANS I/ILLADE

Dans les développements ajoutés plus tard à ce grand caractère, nous relevons deux scènes parti- culièrement remarquables : la douleur d'Achille après la mort de son ami Patrocle et sa généro- sité en face du vieux Priam. Ni Tune ni l'autre ne sont tout à fait égales à celles que nous venons de signaler. La première est plutôt esquissée qu'a- chevée ; on n'y sent pas toute la fécondité d'inven- tion du grand poêle de la Querelle. La donnée de la seconde est admirable, mais il ne faut pas oublier qu'elle était indiquée déjà avec ses principaux dé- tails au vingt-deuxième livre; quant à l'exécution, elle mérite tous les éloges par une naïveté profon- dément humaine qui associe la vérité du sentiment à la grandeur de l'imagination. Si ces deux scènes ne sont pas du poète primitif, on doit remarquer combien la tradition qu'il avait créée était forte et à quel point le personnage conçu d'abord par lui s'imposait désormais à ses successeurs. Ceux-ci ne savaient pas, il est vrai, autant que leur devancier, déployer à la fois toutes les richesses de son âme, mais ils lui conservaient toujours à quelque degré la noblesse et la grandeur.

Nous n'étudierons pas ici, à côté d'Achille, tous les autres personnages de Y Iliade, mais nous devons en (lire pourtant quelques mots. La variété de leurs caractères est une des beautés du poème. Il est à peu près certain qu'elle existait déjà dans la légende et dans les poésies antérieures; mais Y Iliade a fixé ce qui était encore flottant et elle a donné un corps à des créations simplement esquissées. Dans le on- zième livre seul, c'csl-à-dire dans le récit de la défaile que subissent les Achéens quand ils essayent (le se passer d'Achille, les personnages de Diomède, d'Ulysse cl d'Ajax, qui se succèdent au premier

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