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LES FEMMES 249

tesse ; car je n ai plus personne dans la vaste Troie qui soit pour moi doux et bon comme tu Tétais ; je fais horreur à tous . »

Les poètes qui ont mis ce personnage dans VIliade Tont plutôt laissé entrevoir qu'ils ne l'ont expliqué. Peut-être, en raison de sa situation même, le fond de ses sentiments était-il trop difficile à démêler. L'Hélène de VIliade n'a donc qu'un rôle épisodique, son caractère est peu étudié, mais sa situation est au-dessus de l'un et de l'autre : elle est la cause de la guerre, et elle jette sur tout le poème l'éclat de son incomparable beauté. « Ah! certes, s'écrient les vieillards troyens en la voyant paraître, il n'y a pas lieu de s'indigner si les Troyens et les Achéens souffrent tant de maux depuis si longtemps pour une telle femme; son visage est tout semblable à celui d'une déesse '. »

Mais si le don de créer la vie et de manifester les sentiments est merveilleux dans VIliade, il ne faut pas croire pourtant qu'il se montre partout égal à lui-même. II y a bon nombre de personnages dans le poème, même parmi les plus illustres, qui n'ont qu'une physionomie indécise ; tels sont Idoménée et son ami Mérionès, tels aussi Eurypyle et le fils d'Héraclès, Tlépolème. Les Homérides n'étaient pas tous des Homère. Cette inégalité se fait sentir même dans les parties récentes des rôles primitifs. Achille par exemple est absolument médiocre dans toute la première partie du vingt-unième livre, où un poète continuateur l'a mis en présence d'Enée; nous ne retrouvons là aucun des traits essentiels de son

��1. Iliade, XXIV, 762.

2. Iliade, III, 156.

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