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LIVRES 1-IV 275

qu'il a souffert loin de son pays : il n'y est nullement question de ce qui remplit les douze derniers livres de VOdyssée^ c'est-à-dire de la lutte ouverte ou ca- chée du héros contre les prétendants. Toute cette seconde série d'événements n'apparaît qu'un peu plus loin, dans une allusion assez vague (v. 18), au milieu d'un passage qui rompt l'enchaînement des idées, et qu'il est difficile par suite de ne pas considérer comme ajouté plus tard. On peut conclure de là que cette sorte de prélude poétique a du être composé en vue d'un groupe de chants qui comprenait les évé- nements notables de la première partie, dans un temps où la seconde n'existait encore qu'à Tétat de légende.

Le récit proprement dit commence. Dans une pre- mière scène, le poète expose son sujet avec une sim- plicité pleine de grandeur. Tous les héros achéens de la guerre de Troie sont morts ou rentrés chez eux; seul, Ulysse, est encore retenu loin de sa pa- trie par la nymphe Calypso, malgré l'ardent désir qu'il a de revoir la fumée de son toit et sa terre natale. Les dieux ont pitié de lui, sauf Poséidon, qui l'a pris en haine, depuis qu'il a tué le Cyclope, son fils. En l'absence de ce dieu, Athéné, la déesse protectrice d'Ulysse, intervient en sa faveur auprès de Zeus. Elle obtient qu'Hermès soit envoyé immé- diatement à Calypso pour lui donner l'ordre de laisser partir Ulysse. Autant cette scène (v. 16-87) est bien conçue, autant la façon dont elle se termine trompe notre attente. La décision que vient de prendre Zeus reste sans effet, Hermès ne se mek: pas même en devoir d'accomplir son message, et il faudra, au commencement du livre V, que la même scène soit répétée à l'aide de vers empruntés pour ramener une seconde fois la même décision qui

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