Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/329

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LIVRES I-IV 279

et gracieux, qui décèle le même art, plus ingénieux que vigoureux.

Au quatrième livre, Télémaque arrive à Sparte, chez Ménélas. Celui-ci est en train de célébrer le double mariage de son fils et de sa fille. La magni- ficence de son palais et celle de la fête sont décrites avec complaisance par le poète. Télémaque, reconnu pour le fils d'Ulysse, est accueilli avec joie ; Ménélas et Hélène se font un plaisir de louer devant lui son père. Puis, quand il s'est reposé, Ménélas lui raconte ce qu'il a lui-même appris de la bouche du dieu Protée au sujet d'Ulysse. Il ne faudrait pas conclure de l'étendue de ses récits que la narration primitive ait été plus tard développée. Les aventures de Mé- nélas ont paru à l'auteur de la Télémachie un sujet, épisodique sans doute, mais fort propre à intéresser ses auditeurs parleur caractère fantastique. La façon même dont il présente Ménélas, la splendeur dont il l'entoure, tout exige que les récits mis dans sa bouche aient une certaine ampleur et quelque chose de merveilleux. Après ces récils, la narration est interrompue inopinément. Télémaque, qui annonce son intention de repartir aussitôt (v. 599) et qui reçoit même de ses hôtes les présents du départ, va cependant rester un mois entier à Sparte. Il ne se remettra en route qu'au livre XV, où la scène des présents sera répétée textuellement. Maladresse évidente, mais nécessaire, si la Télémachie^ comme nous le pensons, a été composée après le reste du poème. Télémaque en effet ne devait pas rentrer à Ithaque avant son père, puisqu'il n'avait aucun rôle Il y jouer en l'attendant ; et d'autre part le poète ne pouvait justifier par aucune raison acceptable la longue durée de son séjour à Sparte. 11 a préféré la dissimuler plus ou moins habilement, et c'est en

�� �