Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/330

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somme ce qu’il avait de mieux à faire. Nous nous éloignons donc de lui brusquement, et nous venons sans lui à Ithaque. Les prétendants s’aperçoivent de l’absence de Télémaque ; ils s’entendent pour le perdre à son retour, et, dans ce dessein, préparent une embuscade 1. Leurs préparatifs révélés à Pénélope par Médon la remplissent d’inquiétude. Mais elle est rassurée en songe par le fantôme de sa sœur Iphtimé que lui envoie Athéné. Ainsi est exposée complètement la situation sur laquelle se termine l’introduction du poème.

De tout cela ressortent les qualités et les défauts qui sont propres à l’auteur de cette introduction. Sa manière est plus narrative que dramatique, et d’une abondance un peu prolixe. Les caractères de Ménélas et d’Hélène plaisent au lecteur, et toutefois il y a chez l’un et l’autre, mais surtout chez Ménélas, un certain abus de paroles, un goût de déclarations exagérées qui tranche avec la simplicité d’autres parties du poème’.

Sans entrer encore dans l’étude de la formation de l'Odyssée, qui fera le sujet du chapitre suivant, nous avons deux choses à retenir comme résultat principal de l’analyse de ces quatre premiers livres. D’une part, ils interrompent mal à propos l’action commencée au début du poème par l’assemblée des dieux, et par là ils se désignent eux-mêmes comme

1. Un curieux indice de l’âge relativement récent de cette partie du poème a été relevé par Kirchhoff (note du vers 640). Il est fait allusion dans ce vers à Eumée, qui n’est pas nommé, mais simplement appelé le porcher, auCoSir. Cela est très simple pour nous qui avons lu la suite du poème et qui connaissons par conséquent le porcher et l’importance de sou rôle; mais il était impossible qu’on s’exprimât ainsi avant que cette suite fût connue.

2. Voyez notamment v. 104-110 et 169-182.