tion 1. Ajoutons que le caractère même du récit compléterait encore cette preuve, s’il était nécessaire. Les inventions fantastiques que nous avons notées sont d’un merveilleux moins simple que les inventions anciennes de l'Odyssée, et il n’est pas douteux que ce goût ne se soit principalement développé en Grèce après le grand essor de la poésie homérique, lorsque l’épopée, forcée de se renouveler, recourait aux légendes de la Colchide et de la Thessalie.
Avec le treizième livre, commence la seconde partie de l'Odyssée. Les voyages d’Ulysse sont finis ; il est dans son île et bientôt dans son palais ; il y prépare sa vengeance, et, quand l’heure en est venue, il l’accomplit.
Cette seconde partie est manifestement une continuation de la première ou du moins des récits primitifs de celle-ci ; elle les suppose connus et le poète y fait allusion fréquemment. Mais cette continuation a des caractères propres, que nous allons essayer de faire ressortir en l’analysant. Le plus remarquable, c’est la lenteur de l'action et la grande place faite aux entretiens qui deviennent presque la forme principale de l’action. Les grandes qualités dramatiques y sont subordonnées d’une manière générale à la peinture délicate des sentiments. D’ailleurs cette seconde partie est d’une nature pres-
1. M. Kirchhoff rapproche par exemple avec raison l’épisode des Lestrygons du débarquement des Argonautes à Cyzique, et les roches Planctae des roches Symplégades.