Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/377

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SYSTEME DE L'UNITE PRIMITIVE 327

l'action, soit avec celui du caractère principal ? Nous en viendrions ainsi à concevoir des doutes sur quel- ques-uns des plus beaux morceaux du poème. Voici par exemple l'épisode de Nausicaa ou encore celui de l'entretien d'Ulysse et d'Eumée? Est-il vrai de dire qu'en les supprimant on créerait une lacune dans l'action ? Assurément non. Sont-ils du moins indis- pensables à la peinture du caractère d'Ulysse ? On ne peut guère le soutenir. Ils le complètent, ils y ajoutent quelques traits délicats et agréables ; sans aucun doute ; mais s'ils manquaient, V Odyssée ne sub- sisterait pas moins, avec son enchaînement régulier d'événements et son unité morale. Les réflexions de cette sorte ont donc plus d'apparence que de force réelle ; elles ne sont point de nature à nous faire passer par-dessus les divergences de détail qui ont appejé notre attention dans le chapitre précédent.

Outre le défaut de progression dans la seconde partie du poème, la grande objection d'ensemble contre l'unité primitive sort naturellement du rôle (le Télémaque. La façon si peu satisfaisante dont les quatre premiers livres se relient au récit principal et l'imperfection évidente des raccords dans la se- conde partie jusqu'au seizième livre inclusivement ne semblent pas pouvoir se concilier avec l'hypo- thèse d'une seule idée première développée selon un dessein arrêté. De plus, pour VOdyssée comme pour Vlliade^ le point faible du système de l'unité primitive, ce sont les concessions indispensables dont il ne peut se défendre. Si l'on admet, pour Vlliade^ que la Dolonie^ c'est à dire un épisode déve- loppé, constituant aujourd'hui tout un livre, a été ajouté postérieurement au récit primitif, on avoue implicitement par là même que ce récit est resté, pendant un certain temps au moins, ouvert «i des

�� �