Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXV
PRÉFACE

versité. Aussi ne cessaient-ils pas d’en être compris. Quand l’esprit historique se développa, l’érudition devint sans peine son alliée ; non sans quelques résistances partielles assurément, mais l’ensemble fut rapidement gagné. L’esprit nouveau vivifia l’érudition ; celle-ci à son tour le soutint et lui fournit un champ fécond à cultiver.

Les études sur les arts plastiques des anciens jouèrent un grand rôle dans la préparation de cette réforme. Le langage des arts plastiques en effet a quelque chose de plus direct et de plus libre que celui des écrits. Il est moins sujet à se laisser enfermer dans les petits compartiments où les scoliastes coupent les cheveux en quatre. Il se fait mieux entendre de l’âme tout entière, n’étant ni séparé d’elle par les difficultés grammaticales ni morcelé en mots qui analysent l’idée au risque d’affaiblir la sensation. Il était donc naturel que l’évocation historique de l’âme grecque se fit d’abord par ce moyen. Ce fut l’œuvre de Winckelmann, singulièrement dépassé depuis sur bien des points, mais qui eut vraiment l’un des premiers la vision nette et totale de la beauté grecque. Ce que Winckelmann avait fait pour les arts plastiques, Herder le fit pour la poésie ; plus encore, il est vrai, pour la poésie hébraïque et pour la poésie allemande que pour celle de la Grèce, mais les principes posés avaient une application générale et s’étendaient à toutes les littératures[1].

  1. Déjà Lessing avait écrit sur la poésie ancienne des pages