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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/40

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XXVI
PRÉFACE

Dans le même temps, une révolution philosophique égale à celle de Descartes se préparaît ; Kant était en train de détacher peu à peu la science de la poursuite de l’absolu pour la ramener à l’étude du relatif, c’est-à-dire à la notion historique par excellence. Pendant que Kant vieillissait à Kœnigsberg, Hegel étudiait à Tubingue et commençait à tracer dans son esprit les premiers linéaments de la philosophie du devenir. En 1795, Wolf publia ses célèbres Prolégomènes. C’était la prise de possession de la philologie par l’esprit nouveau. On pouvait contester ses conclusions, se révolter même contre elles ; mais il était impossible de ne pas admirer la vigueur de cette intelligence qui, en face du plus ancien monument littéraire de l’antiquité grecque, reconstruisait avec une pénétration divinatrice tout l’ensemble des conditions qui l’avaient produit, entrait pour ainsi dire dans l’âme même du poète, puis dans celles de ses auditeurs, et tirait de cette résurrection hardie du passé des conséquences saisissantes de nouveauté. Jamais regard aussi perçant n’avait sondé le mystère des origines d’une littérature. Enfin les lettres pures obéissaient au même esprit. Au seuil du siècle, pour ainsi dire, se dresse Gœthe, dont l’intelligence sereine, à la fois haute et hospitalière, capable de tout comprendre et de tout aimer, est comme l’image même de l’esprit nouveau.

    pleines de justesse, mais plutôt (à la façon de Grimm ou à l’exemple des érudits, ses maîtres) par exactitude de savoir et bonne éducation du goût que par un sentiment historique véritable.