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L'HISTOIRE PROBABLE 401

deux villes n'ont pas des titres égaux. Kymé nous est représentée comme la patrie de Kréthéis, mère du poète ; c'est à cette ville que se rattache sa mater- nité ; mais c'est à Smyrne, au bord du fleuve Mélès, qu'elle donne le jour à son enfant, d'abord appelé Mélésigène. Phocée enfin etNéontichos, autres villes éoliennes, nous sont citées comme des lieux où il aurait séjourné. D'autre part, lorsque Homère est devenu homme, lorsque déjà la gloire lui semble assurée, Kymé le repousse et il abandonne Smyrne de lui-même pour aller s'établir dans l'île ionienne de Chios. Il n'est pas douteux que nous n'ayons là de précieux indices pour l'histoire vraie delà poésie ho- mérique. Kymé peut être considérée avec vraisem- blance comme le premier foyer de poésie héroïque dans la Grèce d'Asie ; c'est là sans doute que, dans l'âge immédiatement antérieur à V Iliade, les premiers chants épiques relatifs à la guerre de Troie, au roi de Mycènes Agamemnon, au héros achécn Achille, se sont formés et répandus. En ce sens, c'est en ce pays éolien qu'Homère a été conçu, car c'est là que l'épopée future a puisé les premiers éléments de la vie, et il n'est pas indifférent de remarquer que le nom de sa mère fictive Kréthéis rappelle de près celui de Krétheus, un des fils d'Eole et l'un des an- cêtres des tribus éoliennes. Kymé fut longtemps la position avancée de l'Eolide grecque avant d'en être la capitale*; elle tint tôte aux Pélasges de Larissa et elle bâtit contre eux la forte place de Néontichos (le nouveau rempart), qui finit par les réduire. Au milieu de ces populations guerrières naquirent les chants rudes et belliqueux, qui furent la source pro- chaine des grandes inspirations de V Iliade.

1. Strabon, XIII, 3, 2.

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