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LES RHAPSODES 419

de Musée \ dut respecter néanmoins les vieux poèmes ioniens, et on ne saurait trop faire remarquer, pour mettre ce fait important hors de doute, qu'ils ne portent nulle part la moindre trace de ses idées per- sonnelles. La grande œuvre des commissaires de Pisistrate, ce fut de mettre fin à toutes les diver- gences et de constituer un texte complet. Ce texte différait sans doute fort peu de celui qui est venu jusqu'à nous. L'exemple donné par Athènes fut suivi en divers temps par plusieurs autres villes qui vou- lurent avoir aussi leur exemplaire officiel*; de là les éditions dites des villes. Les différences qui les distinguaient étaient minimes, ce qui prouve sans doute deux choses à la fois, d'abord que le travail fait par les ordres de Pisistrate servit de modèle à tous les autres, et ensuite que ce travail lui-même n'avait introduit aucune modification profonde dans les poésies homériques. Les critiques alexandrins vinrent après ceux des villes, et, en se guidant sur des principes généraux, ils s'efforcèrent d'effacer jusqu'à ces légères différences.

Lorsque Athènes eut un texte officiel de V Iliade et de VOdyssée^ il devint tout naturel d'y régulariser les récitations rhapsodiques, en leur assignant une date fixe. C'est ce que fit probablement l'un des fils de Pisistrate, Hipparque, d'après le témoignage de l'auteur du dialogue platonicien qui porte ce nom '.

1. Sur Ouomacrile, consulter Hérodote, VII, 6, qui raconte comment il fut convaincu par Lasos d'Hermione d'avoir fabriqué de faux oracles de Musée et chassé d'Athènes pour ce fait. Cf. Pausan., I, 22.

2. Les notes du manuscrit de Venise citent les éditions de Si- nope, de Chio, de Marseille, de Cypre, de Crète, d'Argos.

3. Hipparque, p. 228, B : *I:u7:apycj) o; Ta 'OfXTJpou ?3:t) Tcpûxoç ex<^- (jLiaev £t; TTiv Y^v tûcuttjv^ (exagération évidente, qui provient sans

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