464 CHAPITRE X. — LA POESIE HESIODIQUE
C'est sans doute aussi à cette même poésie reli- gieuse que sont dus les mythes hésiodiques qui se rapportent à la destinée humaine, tels que ceux de Prométhée et de Pandore et des âges du monde. Déjà, dans les poèmes homériques, nous en trou- vons quelques-uns de ce genre : le mythe des Prières, au IX® livre de VIliade (v. 502 et suiv.), celui des deux tonneaux où Zeus puise les biens et les maux au XXIV* (v. 527), celui d'Até au XIX^ (v. 91). Mais, chez Homère, ces récits d'un caractère si particu- lier paraissent trop étrangers à la poésie dans la- quelle ils sont môles pour qu'on puisse admettre qu'ils y ont pris naissance. Dans une narration toute dramatique, voici des traces d'une philosophie déjà spéculative : la réflexion des aèdes homériques était- elle assez tournée vers ces conceptions générales pour qu'ils aient pu créer eux-mêmes de tels mythes? Remarquons qu'en les racontant, ils semblent rap- porter toujours de vieilles et saintes choses venues à eux par tradition. Ces mythes préexistaient; ils les ont trouvés tout faits, et ils s'en sont servis. Où les ont-ils trouvés ? Non pas assurément dans la tra- dition populaire, car ils portent tous la marque d'un esprit philosophique qui sait dégager déjà la pensée abstraite et la revêtir de formes vivantes. Ce sont des poètes qui ont du les créer; cl quels poètes, sinon ceux qui, célébrant les dieux et leur puissance, étaient plus particulièrement appelés à réfléchir sur les rapports de Thomme avec la divinité et par consé- quent sur la destinée humaine en général? Les mythes moraux ont eu leur place naturelle dans les hymnes religieux dès que la pensée hellénique se
poètes, servirent à désigner ceux qui pouvaient prétendre à la di- gnité de chefs de canton ou de famille. ».
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