RECITS ET DESCRIPTIONS MYTHIQUES 517
traité les choses librement, arrangeant à son gré les données anciennes, bien plus d'après ses impres- sions personnelles que d'après la considération exacte de leur sens primitif? Le second âge par exemple, l'âge d'argent, devait être à Torigine un âge de bonheur, différent toutefois de l'âge d'or par une diminution de force et d'activité. Cette idée d'affaiblissement a frappé Hésiode, et en la dévelop- pant à sa manière par des trails vigoureux et hardis, il a créé une description d'une beauté à la fois étrange et obscure, dont l'effet est aussi grand que la signification en est vague. Un monde peuplé d'enfants, mais d'enfants vieillis, à qui l'agc n'ap- porte point la raison, voilà ce qu'il imagine; dans cette langueur mêlée de folie et de violences, quelle place pour le bonheur? et sans le bonheur, que devient le sens général du vieux mythe ?
« Une seconde race bien inférieure fut faite ensuite par les habitants de l'Olympe: la race d'argent. Elle n'était égale à la race d'or ni par le corps, ni par l'esprit. Durant cent années, chaque être, enfant, grandissait auprès de sa mère en se jouant sans raison dans sa demeure. Puis, quand la jeunesse arrivait, quand ils atteignaient l'âge qui en marque le début, ils ne vivaient plus que peu de temps, soulTrant de leur irré- flexion. Car ils ne pouvaient s'abstenir les uns à l'égard des autres de la violence téméraire, ils ne voulaient pas rendre hommage aux dieux, ni sacrifier sur les autels des bienheu- reux, comme les hommes doivent le faire en suivant les cou- tumes. Alors Zeus, fils de Gronos, les fit disparaître, irrité de ce qu'ils n'honoraient pas les dieux, habitants de rOlympe*. »
C'est un privilège pour un poète moraliste, venu dans un âge de conceptions encore mythologiques, que de pouvoir former ainsi des images qui inté-
1. TravauXy \21 et suiy.
��A
�� �
