Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/587

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA POÉSIE GÉNÉALOGIQUE 537

qu’elles dussent constituer un genre à part. L’épopée ionienne, si riche en beaux récits, ne pouvait à elle seule donner satisfaction au désir qu’on avait de connaître le passé : sans doute elle représentait d’une manière dramatique et saisissante certains groupes d’événements, elle faisait revivre beaucoup de personnages illustres, mais elle ne montrait ni l’origine des traditions ni la continuité des familles. Au goût d’ordre et d’arrangement qui a toujours distingué l’esprit hellénique, cette résurrection partielle des choses anciennes ne suffisait pas : plus les mythes et les légendes se multipliaient et se compliquaient, plus il devenait nécessaire de les coordonner. Ce travail de coordination fut proprement l’œuvre de la poésie généalogique *.

Celle-ci dut grandir par conséquent à côté de la poésie épique narrative qu’elle servit à compléter. Toujours la même au fond, elle varia dans la forme. Tantôt, comme une sorte de chronique locale, elle s’attacha exclusivement aux traditions d’une seule tribu ou de quelques tribus voisines ; tantôt plus largement hellénique, osant s’élever au-dessus des préjugés et des souvenirs du canton, elle entreprit de grouper les légendes divines et humaines en de grands ensembles que la Grèce entière pût adopter. Ces deux formes du même genre sont représentées presque également dans la collection dont nous avons à parler; mais il semble bien qu’entre tous ces poèmes, les deux plus importants, la Théogonie, pour

��1. Le goût auquel celte poésie dut donner satisfaction a l'origine se retrouTait encore chez les Spartiates au temps de Platon. Hipp. maj.j p. 285 : Ilepi Tê5v ycvtov xtov ic tjsoSojv xai xwv avOptojzwv xal tcov xaTOM^oscov, <î>{ tÔ apy a!ov êxTtaOTjaav a? nokv.;, x«\ TjXXrJÇSTjv izxTrii t^; ipyjxioXoY-otç ffiiazof. àxpoeovxai.

��
�� �