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ANALYSE DU POÈME 549

d'atlenlion, qu'il a été doublement grossi, soit à Taide du passage analogue des Travaux, soit au moyen de réflexions parasites \

D'où vient donc que ce poète de généalogies, no- menclateur obstiné dans ses filiations, semble tout à coup déroger à son principe? Les lignées des Titans sont finies. Parmi les enfants d'Ouranos, il n'y en a plus que deux, Thémis et Mnémosyné, dont il n'a encore rien dit; l'une et l'autre figureront plus loin parmi les épouses de Zcus. Pourquoi donc ne nous fait-il pas connaître immédiatement les enfants de Zeus et d'Héré, tels qu'Ares, Alhéné, Héphaestos, qui ont pris place dans l'Olympe?

Ici encore, essayons de le bien comprendre. Au fond, si l'ordre des temps règle sa marche, c'est avec l'aide d'une autre idée sous-entendue qui détermine plus ou moins le choix des noms et des épisodes. Obscure jusqu'ici, elle se dégage à présent plus clairement. Tout en racontant le passé, c'est le pré- sent qu'il a en vue. Au moment où il compose, il se représente l'univers en paix, peuplé de dieux qui acceptent la domination de Zeus et régnent sous son autorité. Ces dieux sont inégaux entre eux : il faut que leur histoire rende compte des attributs et du degré de puissance de chacun. L'univers est en quelque sorte le patrimoine primitif d'Ouranos et de Gaea; de génération en génération, ce bien de famille s'émiette entre les enfants des enfants, postérité innombrable, toujours croissante. II y a des répar- titions à l'amiable et des disputes, des arrangements et des violences. La Théogonie^ pour ce béotien pra-

��1. Il est assez probable que le développement le plus ancien se terminait au vers 534. L'énumcration qui précède est complète et se suffit a elle-même.

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