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850 CHAPITRE Xn. — LA THÉOGONIE

tique, n^est que l'iiistoire idéalisée d'une grande fa- mille et d'un domaine trop étroit. En définitive, tous ces dieux, si variés de nature et de caractère, de forme et de puissance, ont fini par prendre chacun leur place : mais il y a eu quelques procès bruyants, qui ont été réglés à coups de foudre, et il faut bien que le poète nous dise comment.

Deux grands événements ont établi le règne de Zeus: sa victoire sur les Titans et l'écrasement du monstre Typhoeus. Si les généalogies s'interrom- pent, c'est pour faire place à ce double drame : nous ne sortons pas de l'histoire domestique des dieux, car c'est entre eux qu'ils se battent et qu'ils s'allient.

Au reste, dans le drame même, notre poète reste bien ce qu'il était. Est-ce la bataille qui l'intéresse ? Il préfère les négociations. Sa Tiianomachie (617-720) ^ n'est pas, comme on pourrait s'y attendre, un récit complet de la guerre des Titans contre les dieux. Pourquoi cette guerre? Il n'en dit rien; rien non plus des péripéties qui se sont déroulées pendant dix ans : une seule chose l'occupe, l'acte final, c'est-à- dire l'alliance de Zeus avec les Hécatonchires et la victoire qui en est la conséquence. Toujours pré- occupé du résultat, nous le trouvons ici tel qu'il est partout. Briaréos, Cotlos et Gygès, jadis enfermés par Cronos, sont délivrés par Zeus; un traité est conclu entre les libérés cl le libérateur. Alors la bataille décisive s'engage, terminée bientôt par la défaite des Titans; et leurs véritables vainqueurs, les trois Hécatonchires, les enferment dans le Tar- tarc. Au milieu du récit, un épisode brillant se dé- tache, celui de Tintcrvcntion personnelle de Zeus

��1. En désignant ainsi ce morceau, nous nVnlcndons aucunement l'isoler du reste.

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