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ANALYSE DU POÈME 551

(v. 687-712); mais appartient-il à la composition pri- mitive? On peut en douter : la plus ancienne poésie théogonique avait-elle de ces grands éclats*?

Passons rapidement sur la partie descriptive et confuse qui fait suite à ce récit dans le poème actuel (721-819). Il semble que le nom du Tartare, où les Ti- tans viennent d'être enfermés, ait éveillé l'imagina- tion d'une série de poètes ou excité l'industrie d'une série d'arrangeurs, qui ont rapporté ici une véritable collection de morceaux descriptifs. Voici le Tartare (721-745), à la peinture duquel il semble que tout le monde ait mis la main à la fois ; voici le séjour d'Atlas (746-766) ; la demeure d'IIadès, gardée par le chien qui ne permet à personne d'en sortir (767-774); puis celle de Styx, une voûte de rochers soutenue par des colonnes d'argent , et à ce propos quelques détails sur les serments des dieux (776-806) ; enfin la description d'un lieu sans nom où nous sommes tout surpris de retrouver les Titans, tout à l'heure enfermés dans le Tartare; près de là sans doute, « aux fondements de l'Océan », Gottos et Gygès, les vainqueurs du dernier combat (811-819).

Rien ne ressemble moins à la fermeté de dessin

1. La plus grave objection contre l'authenticité de cet épisode, c*est qu'il s'accorde mal avec le reste du récit. Zeus semble y dé- cider la victoire par la foudre ; mais la foudre n'est pas une arme nouTelle entre ses mains, et pourtant la guerre est censée durer depuis dix ans. Si cette arme le rend invincible, pourquoi n'a-t-il pas vaincu plus tôt? pourquoi a-t-il dû recourir aux Hccatonchires? le rôle de ceux-ci devient même inutile ; or tout indique, dans le reste du récit, qu'il a été au contraire conçu comme décisif. En outre, ce morceau, qui est beau, ne l'est pas comme les autres parties de la narration : il vise bien plus à reffet. Kœchly le considère, avec beaucoup de vraisemblance, comme intercalé par un poète qui aura voulu grandir le rôle de Zeus, trop sacrifié par le premier narrateur aux Uécatonchires.

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