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HYMNES HOMÉRIQUES 587

Cette belle poésie transparente illumine tout ce qu'elle touche : quand elle déroule devant nous les noms des îles et des caps où règne Apollon, il semble qu'elle mette un rayon à chaque sommet. Elle sait d'ailleurs aussi animer des personnages. C'est un morceau charmant que la prière de Lélo à l'île de Délos, quand elle lui demande un asile pour mettre au monde ses enfants; et la réponse de l'île n'est pas moins intéressante ; il y a de part et d'autre une exquise et spirituelle naïveté dans l'expression de sentiments aussi simples que vrais. Puis, légère- ment, vivement, avec cette grâce descriptive qui lui est propre, le poète nous montre les déesses qui s'assemblent pour la naissance du jeune dieu ; il fait tout un drame des douleurs de Loto, des allées et venues d'Iris; el enfin, quand le moment de la déli- vrance est arrivé, les images les plus aimables em- bellissent son récit, qui semble sourire et s'éclairer tout à coup* :

« Alors Lcto jeta ses bras autour du palmier, et elle appuya ses genoux sur la molle prairie ; la terre souriait au-dessous d'elle; Apollon s'élança soudain à la lumière; et toutes les déesses à la fois jetèrent un cri.

« ... Et déjà il marchait sur la terre immense, Phœbos aux longues boucles, aux traits rapides; toutes les déesses le re- gardaient, saisies d'admiration ; et Délos tout entière se couvrit de fleurs d'or, comme un cap élevé fleurit au printemps sous sa couronne de forêts. »

Il est impossible d'être plus à l'aise au milieu de ses descriptions que ne l'est notre poète. Aussi, à la fin, quittant son sujet aussi facilement qu'il l'a déve- loppé, il arrête nos esprits sur la fête elle-même, sur les Ioniens assemblés qui sont venus là de toutes les

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