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594 CHAPITRE XIII. — FIN DE L'AGE ÉPIQUE

Il faut ajouter que la langue dont se sert l'auteur n'est rien moins que poétique. Tout ce qui n'est pas emprunté à la vieille épopée, tout ce qui lui appar- tient en propre, comme tours ou comme expression, est déjà presque de la prose. C'est là l'indice le plus certain de l'âge récent du poème. Qu'il soit l'œuvre du Carien Pigrès, frère de la reine Artémise, comme le veulent deux témoignages anciens, ou qu'il doive être attribué à un inconnu, il parait certain qu'il n'a guère pu être composé avant la fin de la période épique*.

Une telle œuvre bien certainement n'a pas été uni- que en son genre. Ces jeux d'esprit étaient trop fa- ciles, une fois l'art épique tombé dans le domaine commun, pour ne passe multiplier. Les anciens ci- tent, sous le nom de za{-f^ta, divers poèmes, tels que les Kercopes, les Epikichlides, d'autres encore, qui nous sont d'ailleurs inconnus, et dont les titres mêmes ont donné lieu à d'arides discussions. Nous ne nous y arrêtons pas, n'ayant rien à y apprendre ; la Batra- chomyomacliie suffit à représenter pour nous un genre qui n'a vraiment qu'un intérêt minime.

^Liis il l'aul l)icn se gardci- de confondre avec ces productions insignifiantes une œuvre dont la perte est profondément regreltable. Nous voulons parler du Marr/iU'S. Au jugement d'Aiislote, ce poème était à Tégard de la comédie ce que Viliade et VOdyssée

��1. La liatrachoniyoïnachic a été attribuée à Homère par Stacc, Martial, Fulgcnce, et peut-être aussi, bien qu'en termes obscurs, par Philostratc et Tliéon le sophiste. L'auteur du Traite sur la malignilé d'Hérodote^ (jui figure parmi les œuvres de Plutarque, et Suidas, dans son Lexique, disent que ce poème était l'œuvre de Pigrès. — Le texte en est extrêmement altéré, et il y a de graves divergences entre les manuscrits.

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